Le Monde de l’Impression 3D en grande difficulté

Impression 3D

Un marché en mutation qui laisse des acteurs sur le carreau

Le marché de l’impression 3D, longtemps porteur d’espoirs et d’innovations, traverse une période tumultueuse. Plusieurs grands acteurs, autrefois emblèmes de cette industrie, se retirent du jeu face à des difficultés économiques et stratégiques. La promesse d’une révolution industrielle portée par cette technologie semble s’essouffler pour certains, avec des conséquences évidentes.

Une série d’échecs marquants

Des entreprises phares de l’impression 3D, autrefois synonymes d’avant-garde, annoncent des restructurations majeures ou des faillites. Voici quelques exemples récents :

  • ICON : Ce géant de la construction en impression 3D a annoncé des licenciements massifs, marquant une pause brutale dans ses ambitions de construire des habitations à bas coût.
  • Kimya : La division spécialisée dans les filaments techniques du groupe Armor a cessé ses activités en novembre 2024, citant des difficultés à maintenir la rentabilité.
  • Stratasys : Ce poids lourd historique a procédé à des licenciements à grande échelle, soulignant les pressions économiques éprouvées par le secteur.
  • Shapeways : Cette entreprise, jadis pionnière dans les services d’impression 3D en ligne, a été déclarée en faillite fin 2024.
  • Sintratec : Le fabricant de machines SLS a connu des revers qui illustrent les difficultés à pénétrer un marché de plus en plus concurrentiel.

Ces événements reflètent une tendance générale : les acteurs de l’impression 3D peinent à générer des marges suffisantes face à des investissements souvent lourds et des cycles de vente prolongés.

Analyse : Pourquoi le marché souffre-t-il ?

Plusieurs facteurs expliquent ces difficultés :

  1. Saturation du marché : La multiplication des acteurs a entraîné une concurrence écrasante.
  2. Coûts élevés des technologies : L’accès à des matériaux et à des machines performantes reste cher.
  3. Absence de rentabilité rapide : Les cycles de R&D et de vente ralentissent les retours sur investissement.
  4. Manque de diversification : Certaines entreprises n’ont pas su s’adapter à des besoins changeants ou à des usages plus variés.

Un état des lieux chiffré

Marché de l’impression 3D en Europe (2024)Évolution
Croissance annuelle moyenne+8% (ralentie)
Nombre d’entreprises ayant cessé leur activité12% de plus qu’en 2023
Principaux secteurs impactésIndustrie lourde, médical

Nes 3D et Francofil : des succès à contre-courant

Dans ce contexte morose, deux entreprises normandes se distinguent par leur résilience et leur succès croissant.

Francofil : doubler la capacité de production

Spécialisée dans les filaments techniques pour l’impression 3D, Francofil a connu une année 2024 exceptionnelle. Les comptes, équilibrés et bénéficiaires, ont permis à l’entreprise d’investir dans une nouvelle ligne de production. Objectif : doubler la capacité de production dès la fin du premier trimestre 2025. Cette performance repose sur une stratégie claire : diversification des produits, comme les filaments à base d’additifs naturels (bois, coquille d’huître) et les filaments écologiques à base de PHAB.

Nes 3D : une ferme d’imprimantes en pleine croissance

Implantée à Arques-la-Bataille, Nes 3D exploite une ferme de 250 imprimantes utilisant des technologies comme le SLS, SLA et FDM. Grâce à une gestion agile et à l’innovation, notamment le projet SKOP (un stéthoscope distanciel innovant), Nes 3D a su attirer de nouveaux clients et s’approcher du seuil de rentabilité.

Un avenir à construire

Malgré un marché difficile, des acteurs comme Nes 3D et Francofil montrent que l’adaptabilité et l’innovation restent les clés du succès. Alors que le secteur continue d’évoluer, ces entreprises offrent une lueur d’espoir pour une industrie en pleine mutation.